BRUNEAU,
Alfred (Paris, 1857 ~ 1934)
Fils d'un violoniste et éditeur de musique, il obtint en
1876 un premier prix de violoncelle au concours du Conservatoire,
puis, en 1881, un deuxième grand prix de Rome. Après avoir
composé des pièces d'orchestre où l'influence de Berlioz
se mêlait à celle de Wagner, il fit jouer en 1887 sa
première oeuvre lyrique, Kérim, qui passa pratiquement
inaperçue. ~ En mars 1888, il demanda à Zola l'autorisation
de mettre en musique La Faute de l'abbé Mouret: ayant
déjà cédé les droits à Massenet, le romancier lui proposa
en compensation son nouveau livre, Le Rêve. Le librettiste
Louis Gallet versifia le poème, et l'oeuvre fut donnée en
juin 1891 à l'Opéra-Comique, alors provisoirement installé
au théâtre des Nations. Encouragés par le succès de cette
première collaboration, les deux auteurs se mirent aussitôt
à adapter pour la scène lyrique la nouvelle de Zola
parue dans Les Soirées de Médan; L'Attaque du
Moulin fut jouée à l'Opéra-Comique en novembre
1893. A cette époque, Zola était prêt à faire oeuvre
personnelle de librettiste, et son amitié pour Bruneau était
devenue profonde affection; de leurs deux esprits confondus
sortirent Messidor (Opéra, février 1897), L'Ouragan
(Opéra-Comique, avril 1901) et L'Enfant Roi (Opéra-Comique,
avril 1905), dont la partition fut achevée quelques semaines
avant la mort du romancier. Dès l'automne de 1902, Bruneau
mit en musique Lazare, pièce lyrique que Zola avait
écrite pour lui neuf ans plus tôt et qui ne sera donnée
pour la première fois en concert public que le 17 octobre
1986, à la cathédrale Saint-Matthieu de Washington.
Par la suite, il tira lui-même de La Faute de l'abbé
Mouret une piece conçue selon le modèle de L'Arlésienne
(Odéon, 1907) et fit jouer à l'opéra de Monte-Carlo Naïs
Micoulin (1907) et Les Quatre Journées (1917),
d'après un des Nouveaux Contes à Ninon. ~ A partir
de 1892, il fut tour à tour chroniqueur musical au
Gil Blas, au
Figaro et au Matin. En dehors des oeuvres
précitées, il laissa notamment un Requiem (1888),
un ballet, Les Bacchantes (1912), et des Chants
antiques, d'après André Chénier (1927); citons aussi
son livre de souvenirs sur Zola, A l'ombre d'un grand
coeur (1931). En 1925, il fut élu à l'Institut,
au fauteuil de Paul Dukas. |