CÉZANNE,
Paul (Aix-en-Provence, 1839 ~ 1906)
Condisciple de Zola au collège Bourbon d'Aix de 1852 à 1858,
il devint son ami intime. Il commença à contrecoeur
des études de droit, qu'il abandonna vite pour se consacrer
à la peinture. Il fit, dès 1861, de longs séjours à Paris:
il travailla à l'académie Suisse, fréquenta les ateliers,
où il emmena Zola, et se lia avec tous les peintres de la
«nouvelle école»: Guillemet, Guillaumin, Oller,
Pissarro, Fantin-Latour, Renoir, Manet, Monet. Il se rendait
parfois au café Guerbois. Il envoya régulièrement au Salon
des toiles qui furent refusées. De 1863 à 1869, il
peignit plusieurs tableaux violents et érotiques: La
Tentation de saint Antoine, L'Orgie, L'Enlèvement.
~ Il fit, en 1869, la connaissance d'un jeune modèle de
19 ans, Hortense Fiquet, avec laquelle il vécut en cachette
de son père, ne l'épousant qu'en 1886. Elle lui donna un
fils, Paul, né le 4 janvier 1872. ~ Il passa les années
1870 et 1871 à L'Estaque, où il peignit des paysages,
entre autres La Neige fondant à L'Estaque. Il
revint à Paris après la Commune, et, en 1872, il s'installa
pour deux années auprès de Pissarro, d'abord à Pontoise,
puis à Auvers-sur-Oise, où vivait le docteur Gachet.
L'influence de Pissarro fut capitale dans son évolution:
auprès de lui, il peignit de nombreux paysages, clairs,
et par longues touches obliques: La Maison du pendu,
La Maison du docteur Gachet, Le Petit Vase de
Delft, etc. ~ En 1874, il prit part à l'exposition
organisée à Paris, chez Nadar. Il exposa encore en
1877, mais ses envois furent si mal accueillis qu'il décida
de s'abstenir désormais. Il s'éloigna d'ailleurs des impressionnistes,
dont il trouvait le travail inconsistent, et poursuivit
en solitaire ses recherches de volumes et de formes exprimés
par la couleur, se partageant entre Paris, la région parisienne
(Médan, en particulier, où il fit de longs séjours) et la
Provence. Mais il resta incompris, même si, grâce à Guillemet,
le portrait de M. Cézanne père fut accepté au Salon de 1882.
~ En 1886, la publication de L'Oeuvre l'éloigna de
Zola, avec lequel il avait été jusque-là très lié: le romancier
les avait en effet souvent aidés, lui, Hortense Fiquet,
et leur fils. L'héritage considérable que lui laissa son
père, mort en 1887, le mit à l'abri des soucis matériels.
Il se fixa en Provence. ~ Il exécuta des natures mortes,
des portraits, de nombreux paysages, peignant souvent la
montagne Sainte-Victoire. Sa grande originalité et sa modernité
commencèrent à être reconnues en France comme à l'étranger
autour de 1900. En 1904, une salle entière du Salon d'automne
lui fut réservée et obtint un grand succès. Il acheva en
1906 Les Grandes Baigneuses, tableau auquel il travaillait
depuis sept ans. |