CHARPENTIER,
Georges (Paris, 1846 ~ 1905)
Il était le fils de l'éditeur Gervais Charpentier, qui avait
opéré une véritable révolution dans l'édition française
en publiant des livres de petit format avec un texte serré,
mais à bas prix. Mis à la porte par son père,
qui, croyant les ragots d'une femme, s'imagina qu'il était
le fils d'un autre, il fut d'abord rédacteur au Journal
des débats, dont il tenait la rubrique des faits divers.
Il mena une vie de bohème en compagnie de Maurice Dreyfous,
Emile Bergerat, d'Artois, E. Lavigne. Il écrivit une pièce
en un acte pour le théâtre de Cluny, La Folie persécutrice
(21 juin 1870), qui le réconcilia avec son père. Ce dernier
étant mort peu après, le 14 juillet 1871, Georges Charpentier
reprit, en s'associant pour cinq ans avec Dreyfous, la maison
d'édition, dont ils firent une maison d'avant garde, éditant
Zola dès 1872, Goncourt, Flaubert, Daudet, etc. Il se fit,
selon ses mots, «l'éditeur du naturalisme». - Il
avait épousé, au printemps de 1872, Marguerite Lemonnier,
fille de Gabriel Lemonnier, ancien joaillier de la couronne,
ruiné par la chute de l'Empire. Elle tint, 28, quai du Louvre,
puis à partir de 1875, 11, rue de Grenelle, un des salons
les plus en vogue de l'époque. S'y côtoyaient, le vendredi,
des hommes de lettres (tous les auteurs de la maison), des
gens du monde, des hommes politiques (Gambetta, Jules Grévy,
Charles Floquet, Rochefort, Jules Ferry, Georges Clemenceau),
des musiciens et des peintres (Mme Charpentier soutint
les impressionnistes, et, parmi eux, Renoir. Ce dernier
la peignit plusieurs fois, ainsi que ses enfants). Pour
soutenir les arts, Georges Charpentier créa une revue, La
Vie moderne, dont le premier numéro parut le 10 avril
1879 et dont il s'occupa jusqu'en juin 1883. De nombreuses
expositions furent organisées dans les locaux du journal.
~ Ses deux fils, Marcel et Paul, étant morts, Charpentier
céda sa librairie à son ami et associé Eugène Fasquelle
en 1896. Il se dévoua jusqu'à sa mort, avec sa femme, à diverses
oeuvres sociales, en particulier à une pouponnière
créée par Mme Charpentier en 1891 et à laquelle
collabora Alexandrine Zola. ~ Les Charpentier étaient des
amis intimes des Zola, qu'ils voyaient très souvent, et
avec lesquels ils partirent plusieurs fois en vacances.
Ils s'étaient fait bâtir une maison à Royan, qu'ils
avaient appelée «Le Paradou». Zola fut le parrain
de leur fils Paul. |