DAUDET, Alphonse (Nîmes, 1840 ~ Paris, 1897)
Il était fils d'un tisserand et négociant en soieries, catholique
et royaliste exalté, dont la fabrique périclita à partir
de 1846. Les Daudet vinrent à Lyon en 1849, menèrent
une vie difficile et durent se séparer en 1857. Alphonse
entra comme boursier au collège municipal de Lyon, y resta
jusqu'en rhétorique, mais ne put passer le baccalauréat,
faute de pouvoir payer les droits d'examen. Il écrivait
déjà. Surveillant au collège d'Alès pendant quelques mois,
il partit, en novembre 1857, rejoindre son frère Ernest
à Paris. Il s'adonna dès lors à la littérature.
~ En 1858, il publia un recueil de poèmes, Les Amoureuses,
qui plut à l'impératrice. Aussi fut-il engagé, dès
1860 et jusqu'en 1865, comme secrétaire par le duc de Morny,
sinécure qui le mit à l'abri des soucis matériels.
Il donna quelques articles à des journaux (Le Monde
illustré, Le Musée des families). Il composa des contes
et des nouvelles qu'il recueillit ultérieurement en volumes
(Lettres de mon moulin, 1869; Contes du lundi,
1873); des romans (Le Petit Chose, 1868; Tartarin
de Tarascon, 1872; Fromont jeune et Risler ainé,
1874; Jack, 1876; Le Nabab, 1877; Les Rois
en exil, 1879; Numa Roumestan, moeurs parisiennes,
1881; L'Evangéliste, roman parisien, 1883; Sapho,
1884; L'Immortel, 1888; Port Tarascon,
1890; La Petite Paroisse, 1895; Soutien de famille,
1898); des pièces de théâtre, des recueils de souvenirs
(Trente Ans de Paris. A travers ma vie et mes livres,
1888; Souvenirs d'un homme de lettres, 1888). ~ Il
avait épousé, en 1867, Julia Allard, musicienne, elle-même
écrivain. Il mourut prématurément, d'une syphilis contractée
durant sa jeunesse et qui le fit beaucoup souffrir. ~ Zola
l'avait rencontré à L'Evénement, dont ils étaient
tous les deux collaborateurs en 1866, puis chez les Goncourt
et Flaubert, dont il était familier. Ils furent longtemps
très proches. Daudet était l'un des «cinq auteurs sifflés»,
un des auteurs édités chez Charpentier. Mais leurs idées
esthétiques et politiques divergentes (Daudet était monarchiste
légitimiste), l'influence de Mme Daudet, celle de
Goncourt et de quelques autres distendirent les relations
entre les deux hommes. C'est probablement à Champrosay,
la propriété des Daudet, que naquit l'idée du violent pamphlet
qui suivit la publication de La Terre, le 18 août
1887: incident que voulut ignorer Zola. En pleine affaire
Dreyfus, et malgré les opinions qui les opposaient, celui-ci
prononça un discours ému aux obsèques de son ami. Il lui
avait consacré plusieurs articles, toujours élogieux. |