DAUDET,
Léon (Paris, 1867 ~ Saint-Rémy-de-Provence, 1942)
Fils aîné d'Alphonse Daudet, il abandonna ses études de
médecine après avoir échoué au concours de l'internat, et
se consacra au journalisme et à la littérature. Il
collabora au Figaro, au Journal et à La
Nouvelle Revue, et publia, à partir de 1891, de
nombreux romans: citons Les Morticoles (1894), violente
satire des médecins, Le Voyage de Shakespeare (1896),
roman historique, et la série de récits où il traita de
l'inceste, de l'adultère, du divorce et de la tare héréditaire:
Suzanne (1897), Les Deux Étreintes (1901),
Le Partage de l'enfant (1905), La Mésentente
(1911), etc. ~ Il épousa, en 1891, Jeanne Hugo, la petite-fille
du poète, qui l'introduisit dans la bonne société républicaine.
Mais lorsque le ménage se brisa ~ le divorce fut prononcé
en 1895 ~, il rompit définitivement avec ce milieu. Antidreyfusard
acharné et antisémite virulent, il devint, en 1908 rédacteur
en chef de L'Action française, ancienne revue bimensuelle
transformée en quotidien, grâce à des capitaux fournis
pour une bonne part par sa deuxième femme, Marthe Allard,
et par lui-même. Codirecteur du journal, avec Charles Maurras,
à partir de 1917, il y publia presque chaque jour, pendant
plus de trente ans des articles souvent outranciers, pour
défendre les traditions, l'armée, le roi et faire la chasse
aux «traîtres», aux «juifs» et aux «métèqués».
Député de Paris de 1919 à 1924, il devint rapidement
le principal porte-parole du nationalisme extrémiste. ~
En 1923, son fils, Philippe Daudet, mourut dans des conditions
mystérieuses et il fut tout de suite convaincu qu'il s'agissait
d'un «crime policiér». Deux ans plus tard, il
déposa une plainte pour meurtre contre plusieurs hauts fonctionnaires
de la Sûreté; une ordonnance de non-lieu fut rendue, mais,
par la suite, il fut attaqué en diffamation et condamné
à cinq ans de prison. Il commença à purger sa peine
en 1927, mais parvint à s'échapper après quelques jours;
il se réfugia en Bélgique, et fut grâcié en 1930.
~ Il laissa plusieurs volumes de souvenirs, parmi lesquels
Fantômes et vivants (1914) et Au temps de Judas
(1920), où il dénigra systématiquement Zola. |