DREYFUS,
Alfred (Mulhouse [Haut-Rhin], 1859 ~ Paris, 1935)
Issu d'une vieille famille de juifs alsaciens ~ en 1871,
son père, riche industriel, choisit la nationalité française
pour lui-même et pour ses enfants mineurs ~, il entra en
1878, après un an de préparation au collège Sainte-Barbe,
à l'École polytechnique, puis, en 1880, à l'École d'application
de Fontainebleau. Nommé en 1882 lieutenant au 31e
régiment d'artillerie, en garrison au Mans, il fut affecté
en 1889, avec le grade de capitaine, à l'École de pyrotechnie
de Bourges. En 1890, il se maria avec Lucie Hadamard, fille
d'un diamantaire parisien, et entra à l'École de guerre.
Sorti avec le numéro 9, en 1892, il fut désigné pour servir
comme stagiaire à l'État-Major de l'armée. ~ Le 15 octobre
1894, il fut arrêté par un officier du 3e bureau,
le commandant du Paty de Clam: ce dernier l'accusait d'être
l'auteur d'un document dérobé à l'ambassade d'Allemagne,
et désigné sous le nom de «bordereau», qui annonçait
la livraison de documents concernant la défense nationale.
Condamné, le 22 décembre, à la déportation perpétuelle
dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire,
il fut embarqué, le 21 février 1895, pour l'île du Diable.
Condamné de nouveau à Rennes, le 9 septembre 1899,
la cessation du jugement de 1894, il fut gracié par le président
Loubet, le 19 septembre. ~ Il vécut ensuite à Carpentras,
chez une de ses soeurs, puis à Cologny, près de Genève.
Le 5 mars 1904, la Cour de cassation déclara acceptable
sa demande en révision du jugement de Rennes; le 12 juillet
1906, le jugement fut cassé sans renvoi, et, le lendemain,
la Chambre vota une loi le réintégrant dans l'armée, avec
le grade de chef d'escadron. Décoré de la Légion d'honneur
par arrêt du 16 juillet, il fut nommé à la direction
d'artillerie de Vincennes; le 15 octobre, il fut désigné
pour commander l'artillerie de l'arrondissement de Saint-Denis.
Admis à la retraite en octobre 1907, il fut mobilisé
pendant la Grande Guerre: il fut affecté d'abord à l'état-major
de l'artillerie du camp retranché de Paris, puis, en 1917,
à un parc d'artillerie divisionnaire. |