FRANCE,
Anatole (Anatole-François Thibault, dit; Paris, 1844 ~ La
Béchellerie [Indre-et-Loire], 1924)
Fils d'un libraire, il poursuivit à Paris des études
médiocres. Après des débuts difficiles, il fut engagé, en
1869, comme lecteur chez Alphonse Lemerre, qui l'introduisit
dans les milieux parnassiens: il collabora au Parnasse
contemporain, dont il prépara en particulier le troisième
recueil (1875), en refusant les vers de Mallarmé et de Verlaine.
Il publia Jocaste en 1879, puis, en 1881, son premier
ouvrage important, Le Crime de Sylvestre Bonnard,
que suivirent Les Désirs de Jean Servien (1882),
Abeille (1883), Le Livre de mon ami (1885),
Nos Enfants (1886), etc. ~ Entré dès 1879 au Globe
et à la Revue alsacienne, il collabora également
à Les Lettres et les arts (1885-1886), Le
Temps (à partir de 1886), La Revue des deux mondes
(1889), L'Echo de Paris (1892); ses articles furent
recueillis en volume, à partir de 1888, sous le titre
La Vie littéraire. ~ En 1890, année où parut son
roman Thaïs, il put se permettre de quitter son poste
à la bibliothèque du Sénat. Il écrivit alors La
Rôtisserie de la reine Pédauque (1893), Le Lys rouge
et Le Jardin d'Epicure (1894). Il entra à l'Académie
française en 1896. ~ Dreyfusard dès 1897, il s'orienta par
la suite vers le socialisme, tandis que paraissait la série
Histoire contemporaine: L'Orme du mail et Le Mannequin
d'osier (1897), L'Anneau d'améthyste (1899),
Monsieur Bergeret à Paris (1901). Il exprima
son engagement politique dans L'Eglise et la République
(1904) et Vers les temps meilleurs (1906). Les deux
oeuvres les plus importantes de sa dernière période sont
Les Dieux ont soif (1912) et La Révolte des anges
(1914). Il reçut le prix Nobel en 1921. ~ Sa position à l'égard
de Zola se modifia au fil des années. Il accueillit L'Assommoir
par un article nuancé, où il salua la force du romancier
tout en blâmant sa brutalité. Il attaqua violemment La
Terre, mais parla de La Bête humaine avec une
sympathie dont Zola lui sut gré, et exprima son admiration
pour La Débâcle. L'affaire Dreyfus rapprocha naturellement
les deux hommes, et aux funérailles de Zola, Anatole France
déclara: «Il fut un moment de la conscience humaine.»
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