HÉBRARD,
Adrien (Grisolles [Tarne-et-Garonne], 1833 ~ Saint-Germain-en-
Laye, 1914)
Après des études de droit à Toulouse et à Paris,
et un court stage d'avocat à Moissac (Tarn-et-Garonne),
il revint dans la capitale et collabora brièvement au Courrier
de Paris. En 1861, le fondateur du Temps, Auguste
Nefftzer, lui confia la rubrique de la mercuriale des marchandises,
puis le « Bulletin du jour », article destiné
à renseigner le public sur les événements quotidiens.
Six ans plus tard, par décision de l'assemblée générale
des actionnaires, il devint administrateur général du journal,
et en 1872, Nefftzer lui vendit toutes les actions qu'il
avait conservées. ~ Devenu maître du Temps, Hébrard
imposa l'anonymat pour tous les articles politiques et enrichit
considérablement la matière « culturelle » du
journal: pour les sciences il recruta Marcelin Berthelot,
pour la littérature Ernest Legouvé, puis Anatole France,
pour l'histoire Jules Soury, puis Albert Sorel, pour l'enseignement
Félix Pécaut. Cette diversification aboutit à faire
du Temps le quotidien qui rendait le compte le plus
exact de l'activité, intellectuelle en France. ~ Candidat
malheureux aux élections de 1871, il fut élu, en 1879, sénateur
de la Haute-Garonne. Pendant les dix-huit années qu'il siégea
au Sénat ~ il fut battu, en janvier 1897, par Valentin Abeille
~, il servit fidèlement la cause du centre gauche, mais
ne prononça guère qu'un discours, d'ailleurs remarquable,
à l'occasion de la loi de l'amnistie des condamnés
de la Commune (3 juillet 188O). De 1886 à 1897, il
fut président de l'Association syndicale de la presse parisienne.
Pendant l'affaire Dreyfus, il garda dans Le Temps
une neutralité bienveillante et, par le fait, très utile.
~ En 1892, Édouard Drumont l'accusa de complicité dans les
escroqueries du scandale de Panama: Zola s'inspira de l'épisode
dans Paris, où le personnage de Fonsègue a pour modèle
Hébrard. |