JAURÈS,
Jean (Castres [Tarn], 1859 ~ Paris, 1914)
Fils d'un agriculteur, il fit ses études secondaires à Castres,
puis entra, en 1877 ~ en même temps qu'Alfred Dreyfus ~,
au collège Sainte-Barbe. L'année suivante, il fut reçu premier
au concours d'entrée à l'École normale supérieure,
où il eut pour condisciple Henri Bergson. Agrégé de philosophie
en 1881, il fut nommé professeur à Albi, puis, en 1883,
maître de conférences à la Faculté des lettres de Toulouse.
~ Il collabora au quotidien La Dépêche et fut élu,
en 1885, député de Castres; d'abord proche de Jules Ferry,
il ne tarda pas à évoluer vers le socialisme. Battu
aux élections de 1889, il retrouva son poste à Toulouse
et fut élu, l'année suivante, conseiller municipal. Il soutint
ses thèses de doctorat en 1892 et accepta la même année,
à la suite de la grève des mineurs de Carmaux, de se
porter à la députation dans cette ville. Élu en janvier
1893, il devint aussitôt le principal porte-parole à la
Chambre du groupe socialiste. Après une nouvelle grève à Carmaux,
il aida les ouvriers licenciés à fonder, en 1896, la célèbre
«verrerie ouvrière» d'Albi. ~ Le 19 janvier 1898,
il signa, avec les autres membres de son groupe parlementaire,
le manifeste s'opposant à tout engagement des socialistes
en faveur d'Alfred Dreyfus; dès le 22 janvier, cependant,
il dénonça à la Chambre l'attitude du gouvernement
dans l'Affaire, et en février, il accepta de déposer au
procès Zola, en faveur du romancier. Battu aux élections
de mai 1898, il devint alors codirecteur politique de La
Petite République; il y publia du 10 août au 20 septembre,
sous le titre «Les preuves», une série d'articles
qui démolissaient les charges alléguées contre Dreyfus.
~ Elu de nouveau à Carmaux en 1902, il fonda en 1904 le
quotidien L'Humanité; après la création de la S.F.I.O.
en 1905, il devint le véritable leader du socialisme français.
Désormais pacifiste militant, il s'attira l'hostilité croissante
des mouvements nationalistes; le 31 juillet 1914, il fut
assassiné par un adhérent de la «Ligue des jeunes amis
de l'Alsace-Lorraine», Raoul Villain. |