JUDET,
Ernest (Avesnes-sur-Helpe [Nord], 1851 ~ Paris, 1943)
Fils d'un officier en retraite, il fit de brillantes études
secondaires et entra en 1871, premier de sa promotion, à l'École
normale supérieure. Professeur au lycée de Bastia en 1876,
il fut mis à la retraite en 1878, après avoir refusé
un poste à Châteauroux. Rédacteur au quotidien Le
National, sous Hector Pessard, à partir de 1879,
il se présenta sans succès aux élections de 1881. Il collabora
ensuite à La France et à La Nouvelle
Presse, puis entra, en 1886, au Petit Journal
d'Hippolyte Marinoni. Trois ans plus tard, il devint chef
du service politique et, en fait, le véritable directeur
du quotidien: il y poursuivit une violente campagne contre
Georges Clemenceau et contre les panamistes, et fut un adversaire
acharné de la révision du procès Dreyfus. Privé de son poste,
en 1904, par le successeur de Marinoni, l'imprimeur Cassigneul,
il prit la direction, l'année suivante, de L'Éclair,
qu'il avait pu acheter grâce à l'aide de Mme de Loynes.
Germanophile et vaticanophile, il entretint des relations
clandestines, pendant la Grande Guerre, avec le ministre
allemand en Suisse, le baron von Romberg, et fut reçu en
juin 1917 par le pape Benoît XV. En décembre, se sentant
surveillé, il vendit L'Éclair et partit pour la Suisse.
Inculpé de trahison en 1919, il fut condamné par contumace
en 1923: il rentra peu après en France, et fut acquitté.
À partir de 1925, il collabora à La Volonté
d'Albert Dubarry. Parmi ses ouvrages, on peut citer: La
Question corse (1884), Le Véritable Clemenceau (1920),
Ma Politique (1905-1917) (1923), Le Vatican et
la paix (1927), La Politique de sécurité (1931).
~ En mai 1898, il publia dans Le Petit Journal, en
citant des documents dénaturés par Joseph Henry, deux articles
diffamatoires contre le père de Zola, et fut condamné, le
3 août, à deux mille francs d'amende. Le même jour,
à la suite de nouvelles attaques publiées en juillet,
le romancier porta plainte contre lui pour usage de faux.
Ayant bénéficié, le 31 octobre, d'une ordonnance de non-lieu,
il poursuivit Zola en dénonciation calomnieuse. Celui-ci
fut acquitté en janvier 1900. |