PERRIN,
Émile (Rouen, 1814 ~ Paris, 1885)
Fils d'un conseiller à la Cour royale, il vint à Paris
pour étudier la peinture. Il fréquenta les ateliers de Gros
et Delaroche, et figura au Salon de 1839 à 1848. ~
En mai 1848, il fut appelé par un arrêté de Ledru-Rollin
aux fonctions de «commissaire de la République près
le théâtre national de l'Opéra-Comique», titre qui
fut changé quelques mois plus tard en celui de directeur,
et qu'il conserva jusqu'en 1857, grâce à l'intervention
de Morny. En juillet 1854, il cumula les deux directions
de l'Opéra-Comique et du Théâtre-Lyrique, expérience qu'il
dut abandonner pour se contenter de la salle Favart. ~ Rappelé
en janvier 1862 à l'Opéra Comique, il se vit confier,
en décembre 1862, la direction de l'Opéra, charge qu'il
assuma sept ans. Il présenta sa démission au 4 Septembre
et refusa de la retirer au lendemain de la Commune. ~ Jules
Simon lui offrit alors la succession d'Edouard Thierry à la
Comédie-Française: nommé administrateur général le 8 juillet
1871, il le resta jusqu'à sa mort. Sur le plan littéraire,
on lui reprocha son goût de la modernité, sa prédilection
pour le pittoresque qui lui faisaient surestimer certaines
oeuvres. Mais il remit au répertoire Marion Delorme,
Le Roi s'amuse, Ruy Blas (qu'il enleva à l'Odéon),
Jean Baudry de Vacquerie, Oedipe-Roi de Jules
Lacroix. Il fit représenter Le Demi-Monde de Dumas
fils, Pattes de mouche de Sardou, des pièces d'Halévy,
Augier, Feuillet, Arène, etc. La Comédie-Française doit
à son goût d'un art brillant la restauration de la
salle en 1879. Gestionnaire avisé, il assura la prospérité
de cette maison, profita de l'éclipse de l'Opéra et de la
ruine du Théâtre-Italien pour s'attirer leur clientèle,
en créant l'abonnement du mardi et du jeudi. Il consigna
ses idées sur la mise en scène dans un travail auquel il
donna la forme d'une préface de soixante-deux pages pour
le huitième volume des Annales du théâtre et de la musique
de Noël et Stoullig. Il y défend contre Sarcey la cause
de la mise en scène, démontre que, bien comprise, elle est
le commentaire visible de l'action dramatique. ~ Perrin
avait souhaité rencontrer Zola, le 16 mai 1877, peut-être
pour lui demander d'écrire une pièce pour la Comédie-Française.
Mais, en 1881, il refusa Renée, drame que le romancier
avait tirée de La Curée, à l'intention de Sarah
Bernhardt. |