RENAN,
Ernest (Tréguier [Côtes-du-Nord], 1823 ~ Paris, 1892)
Issu d'une famille de marins bretons, il fut dès l'enfance
destiné à la prêtrise. En 1845, il quitta le séminaire
de Saint-Sulpice, après avoir refusé une place à la
maison des Carmes, et fut reçu premier, en 1848, à l'agrégation
de philosophie. Il s'engagea alors dans la rédaction
de L'Avenir de la science, paru seulement en 1890,
et, après une mission culturelle en Italie, il termina sa
thèse sur Averroès et l'averroïsme (1852). ~ En 1856, l'année
de son mariage avec Cornélie Scheffer, il fut élu à l'Académie
des inscriptions et belles-lettres. Entré à la Revue
des deux mondes et au Journal des débats, il
recueillit ses articles dans Etudes d'histoire religieuse
(1857) et Essais de morale et de critique (1859).
Il traduisit Le Livre de Job (1859) et Le Cantique
des cantiques (1860) et conçut une vaste Histoire
des origines du christianisme, à laquelle il s'attela
après le voyage en Syrie et en Palestine, au cours duquel
sa soeur Henriette trouva la mort (1860). Nommé à la
chaire d'hébreu au Collège de France en 1862, il fut suspendu
pour avoir appelé Jésus un homme incomparable». Vie
de Jésus parut en 1863, suivi des Apôtres (1866)
et de Saint Paul (1869). ~ En 1869, il se présenta
aux élections sur la liste du tiers parti et retrouva sa
chaire au Collège de France, à la suite de la guerre
de 1870-1871, qui le bouleversa dans son admiration pour
l'Allemagne, il publia La Réforme intellectuelle et morale
(1871), série d'articles sévères pour la démocratie. Puis
il évolua encore: rallié à la République, il fut élu
à l'Académie française en 1878 et fit désormais figure
de personnage officiel. Il n'en continua pas moins son Histoire
des origines du christianisme : L'Antéchrist (1873),
Les Evangiles (1877), L'Eglise chrétienne
(1879), Marc-Aurèle (1882). Après des Souvenirs
d'enfance et de jeunesse (1883), il donna Drames
philosophiques (1888) et Histoire du peuple d'lsraël
(1887-1893). ~ S'intéressant peu à la littérature,
Renan montra pour le moins de l'indifférence à l'égard
de Zola. Le romancier, pour sa part, a étudié attentivement
la pensée de l'auteur de la Vie de Jésus, qu'il loue
de croire à la science, mais dont l'idéalisme lui inspire
une certaine méfiance; il établit, dans Le Roman expérimental,
un parallèle entre Renan et Claude Bernard qui témoigne
de cette réserve. |