SCHEURER-KESTNER,
Auguste (Mulhouse, 1833 ~ Bagnères-de-Luchon [Haute-Garonne],
1899)
Issu d'une famille d'industriels républicains et protestants,
il fit un stage, à Paris, au laboratoire du chimiste
Adolpbe Wurtz, puis travailla à la fabrique d'impression
et de teinture des fibres textiles que son père, Auguste
Scheurer, avait transportée à Thann (Haut-Rbin) en
1842. En 1856, il épousa une jeune Thannoise, Céline Kestner
et entra à l'usine de produits chimiques que dirigeait
son beau-père. En 1862, il fut condamné à quatre mois
de prison pour propaganda républicaine et incarcéré à Sainte-Pélagie.
~ Après l'invasion de l'Alsace par les armées allemandes
en 1870, il proposa ses services au gouvernement de la Défense
nationale, et fut chargé de diriger l'établissement pyrotechnique
de Sète; le 8 février 1871, il fut élu représentant du Haut-Rhin
à l'Assemblée nationale, puis, le 2 juillet, député
de la Seine, en hommage à l'Alsace-Lorraine annexée. En
septembre 1875, il devint sénateur inamovible; quatre ans
plus tard, son ami Gambetta, devenu président de la Chambre,
lui confia la direction politique de La République française.
En décembre 1883, il assuma la direction technique de l'usine
Kestner, devenue société anonyme; jusqu'à sa mort, il partagea
son temps entre ses responsabilités politiques et ses activités
professionnelles. ~ Devenu vice-président du Sénat en janvier
1895, il reçut, le mois suivant, la visite de Mathieu Dreyfus
et commença à se renseigner sur l'affaire Dreyfus.
En juillet 1897, Louis Leblois, l'avocat du colonel Picquart,
lui raconta tout ce qu'il avait appris et il ne tarda pas
à annoncer à ses amis son intention de mener campagne
pour la réhabilitation de Dreyfus. Le 7 décembre, il s'efforça
en vain de convaincre ses collègues du Sénat, et le 13 janvier
1898, ayant posé de nouveau sa candidature à la vice-présidence,
il réunit seulement 80 voix sur 229 votants. Déjà malade
d'un cancer de la gorge, il fut bientôt obligé de se retirer
du combat pour la révision. |