VOGÜÉ,
Eugène-Melchior, vicomte de (Nice, 1848 ~ Paris, 1910)
Il passa son enfance au château de Gourdon, dans les Cévennes,
fit ses études à Oullins, dans une école dirigée par
les dominicains, et à la faculté de droit de Grenoble,
puis voyagea en Italie et en Angleterre. Engagé volontaire
en 1870, il fut blessé à Sedan et fait prisonnier.
En 1871, à son retour de captivité, il entra au ministère
des Affaires étrangères, et fut successivement attaché à
l'ambassade de Constantinople et à la mission française
en Egypte. Son premier livre, Syrie, Palestine, Mont
Athos, parut en 1876, et en octobre de la même année
il fut nommé secrétaire d'ambassade à Saint-Pétersbourg,
où il épousa, en 1878, une demoiselle d'honneur de l'impératrice.
~ Mis en disponibilité, sur sa demande, en 1882, il collabora
au Journal des débats et à la Revue des deux
mondes, où il s'attacha à la propagation des doctrines
néo-chrétiennes. D'octobre 1883 à novembre 1885, il
publia dans la Revue des deux mondes les études sur
Tourguéniev, Tolstoï, Dostoïevski et Gogol qui furent réunies
en volume, en 1886, sous le titre Le Roman russe.
Il y souligna les valeurs morales que lui paraissaient représenter
les romanciers russes, leur sympathie pour l'humanité et
leur souci du divin, et dénonça en même temps le matérialisme
et le pessimisme des naturalistes français, ainsi que leur
refus du mystère de la vie spirituelle. L'ouvrage consacra
sa réputation, et il fut appelé, en novembre 1888, à l'Académie
française, en remplacement de Désiré Nisard. ~ Elu député
de l'Ardèche en 1893, avec l'appui des comités conservateurs
du département, il prit très peu part aux travaux parlementaires,
et ne se représenta pas en 1898. De cette expérience décevante
témoigne son roman Les Morts qui parlent (1899).
Il écrivit également Jean d'Agrève (1897) et Le
Maître de la mer (1903), roman «mondial»,
qui exprime la lutte entre le vieil honneur français et
l'esprit positif de l'époque moderne. |