WALDECK-ROUSSEAU,
René (Nantes, 1846 ~ Corbeil, 1904)
Après des études de droit à Paris, il se fit connaître
comme avocat d'affaires, d'abord à Rennes, puis dans
la capitale. Député de Rennes de 1879 à 1889, il fut
ministre de l'Intérieur de Gambetta (1881-1882) et de Jules
Ferry (1883-1885); à ce titre, il donna son nom à la
loi de 1884 autorisant la formation des syndicats. Il ne
se représenta pas aux élections de 1889 et fut élu, en 1894,
sénateur de la Loire. Candidat à la présidence de la
République en 1895, il conserva ordinairement le silence
au palais du Luxembourg et s'intéressa surtout à son
cabinet d'avocat, devenu un des plus importants de Paris:
il plaida dans la plupart des grands procès financiers et
défendit, entre autres, Zola contre l'entrepreneur Henri
Bourgeois (t.VIII, lettre 118) et Coquelin aîné contre la
Comédie-Française (1896). ~ Le 22 juin 1899, il prit la
tête du gouvernement de Défense républicaine, qui fut le
plus long ministère de la IIIe République. Avec l'aide du
général Gallifet, il parvint à maintenir l'ordre au
moment du procès Dreyfus de Rennes; il eut l'initiative,
ensuite, de la loi portant amnistie pour toutes les actions
judiciaires se rattachant à l'Affaire. ~ Le 14 novembre
1889, il déposa un projet de loi concernant les associations
et les congrégations religieuses. Reprochant aux congrégations
leurs richesses, leurs menées politiques et leur influence
sur la jeunesse, il se proposait de les soumettre au contrôle
du gouvernement et d'enlever l'enseignement aux Jésuites.
Le projet fut sérieusement remanié par les Chambres, et
la loi sur les associations, promulguée le 1er juillet 1901,
ouvrit la voie à la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
~ Le 3 juin 1902, Waldeck-Rousseau donna sa démission, après
avoir désigné Emile Combes pour lui succéder. Redevenu sénateur,
il fit le procès, dans son dernier discours, de la politique
religieuse de la nouvelle majorité. |