L'Histoiredu
Charivari
Le Charivari fut un journal satirique, fondé en
1832 par Charles Philipon, avec Louis Desnoyers comme rédacteur
en chef. Le journal obtint un succès immédiat et
inespéré. Essentiellement frondeur, Le Charivari
soutint vingt procès sous le règne de Louis-Philippe.
En raison de son opposition au gouvernement de Louis-Philippe,
Le Charivari comptait un grand nombre d'abonnés
parmi le parti légitimiste. Pourtant, en 1833, il perdit
huit cents souscripteurs royalistes à cause de ses révélations
au sujet du mariage secret et de la grossesse de la duchesse de
Berry.
En
1835, la liberté de la presse fut restreinte, suite à l'attentat
de Fieschi. Astreint à un cautionnement de 100,000 francs, Le
Charivari dut soumettre ses dessins à l'examen de la censure.
Le texte et les dessins y perdirent aussitôt leur intérêt piquant.
Après une série de difficultés financières, Le Charivari
fut acheté par Armand Dutacq, directeur-fondateur du Siècle.
Dutacq releva le journal de sa décadence en modifiant le personnel
de la rédaction. Altaroche prit aussitôt la direction du Charivari
et s'y adjoignirent Eugène Guinot, H. Lucas, Albéric Sécond, le
poète satirique L.-A. Berthaud, le poète Hégésippe Moreau, Alphonse
Esquiros et Émile de la Bédollière.
En
1838, des dissensions amenèrent un changement dans la propriété
du journal et dans le personnel de la rédaction. Altaroche conserva
le titre de rédacteur en chef, et prit comme collaborateurs Albert
Cler, T. Delord, Am. Achard, Louis Huart, Clément Caraguel, Laurent-Jan,
F. Pyat, Ph. Audebrand et Moléri.
Le 24 février 1848 ouvrit une nouvelle époque pour Le
Charivari : respecter les vaincus et de lutter contre les
forces révolutionnaires. Les éditeurs du journal visèrent une
nouvelle politique plus modérée que celle du passé. Se qualifiant
de «Conservateur, mais sincèrement libéral», Le Charivari attaqua
les chefs des clubs et se moqua de toutes les excentricités de
l'époque.
L'élection du Prince Louis-Napoléon modifia encore une fois les
allures de la feuille satirique. Les nouvelles lois du 2 décembre
sur
la presse mirent une sourdine à la polémique ardente du Charivari.
Après quelques jours d'attente, le journal reparut sous la rédaction
de Louis Huart, T. Delord, Cl. Caraguel et Arnault Frémy.
En 1858, Le Charivari augmenta son format et s'adjoignit
de nouveaux collaborateurs et illustrateurs : Pierre Véron, Henri
Rochefort, Albert Wolff, L. Leroy, Ad. Huart, G. Naquet, P. Girard,
J. Denizet, Zabban; et quatre caricaturistes issus du Journal
amusant, Vermier, Darjou, Pelcoq, Hadol.
Durant presque tout le second Empire, les journalistes du
Charivari se concentrèrent sur les moeurs du jour plutôt que
sur la politique, mais à la fin de cette époque le journal retrouva
son opposition républicaine et ses convictions anticléricales.
Le rédaction fut dirigée par Henry Haret, Leroy, Philibert Audebrand,
Charles Bataille et les principaux caricaturistes furent Valère
Morland, Paul Hadol, Darjour, Cham et Daumier.
Pendant
l'occupation de Paris par les Allemands, en 1870, plusieurs journaux
parisiens cessèrent de paraître. Sous la Commune, on publia dans
Le Charivari plusieurs articles où l'on protesta contre
l'organisation des élections par le Comité central de la garde
nationale.
A partir des années 1880, Le Charivari perdit lentement
son lectorat, et en 1893 le journal disparut complètement, même
si on entendit les échos du titre jusqu'à la deuxième guerre mondiale
dans le titre du journal anglais Punch, qui se donnait
pour sous-titre "The English Charivari".
BIBLIOGRAPHIE
Histoire générale de la presse française. Publiée sous
la direction de Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral
et Fernand Terrou. Paris: Presses Universitaires de France, 1972.
Larousse, Pierre. Grand Dictionnaire Universel
du XIXe Siècle. Paris: Administration du Grand Dictionnaire
Universel, 1900.