Dostoevsky Studies     Volume 8, 1987

Dombrovskij commentateur de la Légende du Grand Inquisiteur dans la Faculté de l'Inutile

Marianne Gourg, Université de Paris VIII

1 - Recontextualisation de la Légende

Dans la troisième partie de la Faculté de L'Inutile (1) ("Hasmera min hazluv", Les clous de la croix), sorte de roman inclus sur la passion du Christ qui livre quelques unes des significations essentielles du texte, Dombrovskij recontextualise les principaux aspects de la Légende. Dès lors, son récit en apparaît comme la projection dans le XXème siècle.

Il s'agit d'aporter une explication éthique et spirituelle au phénomène de la répression à l'échelle d'un pays, de définir la situation de l'homme face à la liberté. Dombrovskij va présenter sa réponse au travers de l'archétype culturel que constitue la Légende. L'analyse des circonstances et des raisons qui ont abouti à la condamnation et à l'exécution du Christ va fournir le modèle de fonctionnement d'un pouvoir temporel qui opère brouillage et renversement des valeurs. Face à cela, se trouvera réaffirmée la liberté ontologique de 1'homme.

La référence au texte dostoievskien est clairement revendiquée une fois au moins:

Dans les dernières années de sa vie, Dostoïevskij a beaucoup réfléchi sur le Christ, mais en variant les approches. Tantôt il lui accordait la résignation et l'amour tout en le privant du fouet et du glaive, ce qui donnait le prince Mychkine de l'Idiot, c'est à dire un personnage non seulement invivable mais néfaste à tous ceux qui l'aiment. Tantôt, il lui restituait le glaive mais en le dépossédant du reste, obtenant ainsi le Grand Inquisiteur, c'est à dire le Christ suppliciant le Christ. (2)

L'Inquisition sert par ailleurs de métaphore systématique (et pas seulement chez Dombrovskij) aux grandes répressions qui marquent le XXême siècle. Ce sont d'ailleurs les pratiques de l'Inquisition que l'érudit Zybine évoquera à ses tortionnaires ébahis. De la sorte, le temps se replie. L'Inquisiteur de Dostoievskij condamna, nous dit Dombrovskij par la bouche du Père André, le Christ pour les mêmes raisons que le Sanhédrin 2000 ans plus tôt. Ce sont ces mêmes motivations qui expliquent les condamnations du XXème siècle.

2 - Relation entre ces motifs et le Maître et Marguerite

II semble que cette thématique soit passée dans la Faculté de l'Inutile par l'intermédiaire du Maître et Marguerite. Le texte de Dombrovskij fut, en effet, écrit peu de temps après

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la publication du roman de Bulgakov (1966-67) et il abonde en citations "obliques". On notera une insistance toute particulière portée à la figure de Pilate:

D'ailleurs, que savons nous de positif au sujet de Ponce Pilate, procurateur de Judée?(3)

Dans l'un et l'autre texte les griefs du procurateur contre les Juifs sont les mêmes:

N'avaient-ils pas saboté la construction de l'aqueduc, ces porcs satisfaits de leurs mares, alors que lui voulait leur amener l'eau du Jourdain? N'avaient-ils pas refusé de voir entrer dans Jérusalem les effigies de César, les aigles romaines? Jusqu'aux boucliers qu'on avait dû retirer du palais d'Hérode sous prétexte qu'ils portaient 1'image de 1'empereur !(4)

Evoquant le destin ultérieur de Pilate, Dombrovskij reprend les sources probables de Bulgakov, en particulier les apocryphes .

De la même façon, la transposition scénique de l'interrogatoire du Christ par Pilate que nous trouvons dans la Faculté développe les éléments de théatralité présents dans le roman de Bulgakov.

L'analogie entre les empires et les pouvoirs totalitaires passés et présents est évoquée par Bulgakov sur le mode de l'allusion. Dombrovskij la formule clairement:

Au temps de Sénèque, la république était morte, morte ou en train de mourir, personne n'en savait trop rien parce que cela n'intéressait personne. Des nabots, des vampires sortaient de leurs trous qui se faisaient appeler imperator c'est à dire guide du peuple. Il n'y avait rien à tirer, rien à attendre de l'avenir et le présent n'existait pas, tombeaux derrière, tombeaux devant.(5)

Nous sommes dans l'univers de la nécessité politique qui ne laisse place ni au changement ni à l'espoir. Les termes de "nabot", "vampire", "larve", seront plus loin employés pour désigner Staline et ses sbires, instaurant de la sorte une équivalence entre le 1er et le XXème siècle:

De qui je parle, répéta le Père André d'une voix d'outre - tombe. Vous le savez: du nabot à la trogne vermeille et de son Moise à demi-fou. De ces deux vampires. (6)

Il semble qu'en mettant en évidence ces nombreuses coïncidences textuelles, Dombrovskij ait voulu délibérément situer son oeuvre dans la lignée du Maître et Marguerite.

3 - Le statut de texte

Du point de vue de leurs statuts respectifs dans l'ensemble des textes qui les portent, la Légende du Grand Inquisiteur et le récit de la Passion qui constitue l'essentiel de la 3ème partie du roman de Dombrovskij offrent de nombreuses similitudes.

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Dans les deux cas, il s'agit d'un récit inclus transmis sur le mode oral et censé renvoyer à un texte écrit. Ivan a écrit un "poème", le Père André un récit de 224 pages (que Kornilov, son interlocuteur et confident transmettra aux tchékistes). Ces écrits entrent tous deux dans le paradigme des récits religieux. Ivan réfère son texte aux Mistères du Moyen Age occidental et aux apocryphes (II cite en particulier le Voyage de la Vierge dans les tourments). Le père André évoque lui aussi les mistères (auxquel il a assisté en Suisse en 1912), les Apocryphes. Les tchékistes appellent son oeuvre "Evangile". Il est à noter que nous n'avons jamais affaire aux prétendus textes écrits qui se trouvent déportés en dehors de la narration.

L'incidence des récits est comparable; elle relève de ce que Bahtin a appelé la "littérature carnavalisée", la Ménippée avec ses oxymorons, profanations, mésalliances, rabaissements. On remue les questions "dernières" dans les bas-fonds, les "cloaques" pour employer la terminologie dostoievskienne. Bahtin écrit:

Les Frères Karamazov offrent un magnifique exemple de Ménippée dans la conversation entre Ivan et Aliocha à l'auberge "La Capitale", située sur la place du marché d'une petite ville de province. Ici, dans le bruit de l'orgue de Barbarie, des boules de billard, des bouteilles de bière qu'on débouche, le moine et l'athée discutent sur les ultimes questions de la vie. Cette satire ménippée en renferme une seconde: La Légende du Grand Inquisiteur, à signification propre et construite sur la syncrèse évangélique entre le Christ et le Diable.(7)

Les conversations entre le pope indicateur et Kornilov, le futur indicateur se tiennent dans l'estaminet de la Louve ou bien chez le prêtre, toujours au cours de fabuleuses saôulographies qui mènent Kornilov à la perte de conscience.

On sait par ailleurs le caractère carnavalisé de la littérature religieuse du Moyen-Age à laquelle ces récits sont nommément référés. A ce propos, Bahtin écrit:

La ménippée se manifeste avec la plus grande liberté et originalité dans les genres dialogisés et carnavalisés du Moyen-Age tels que les disputations, les dits, les débats, les moralités et les miracles, et plus tard les mistères et les soties. Elle est perceptible dans la littérature médiévale fortement carnavalisée et parodique ou semi parodique: caricature des visions d'outre-tombe, des "lectures évangéligues" etc...(8)

Il convient de remarquer le statut de l'idée dans les de deux textes; elle y est inséparable du locuteur, du support humain qui l'incarne; elle se manifeste dans le dialogue qui lui confère son essentielle polysémie. C'est cela, sans doute, qui explique que les textes écrits auxquels prétendent se référer, nos récits se trouvent rejetés à l'extérieur du texte. Aux sanglots du Père André qui se donne pour un Christ (et qui l'est dans une certaine mesure peut être en l'ignorant lui

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même) tout en sachant bien qu'il est un nouveau Judas répond l'ivrognerie de Kornilov qui se croit seul à trahir. Chacun sert de miroir à l'autre et c'est sur ces reflets qu'achoppé le discours.

Il n'est donc pas étonnant que le Père André insiste sur la nécessité qu'il y eut pour le Christ de sacrifier sa vie pour faire exister son idée:

Une seule issue subsistait donc: rétablir l'homme dans ses droits. Mais il savait aussi et c'était l'essentiel que pour cela il faudrait mourir.(9)

A Zybine qui refuse les stéréotypes, Lina dit:

A notre époque, la parole est un acte et peut devenir un crime.(10)

Et le Père André de conclure:

C'est une histoire qui fait trahir ou qui fait mourir. (11)

On sait combien Ivan est physiquement inséparable des idées développées par son Grand Inquisiteur. A telle enseigne que, mimant le Christ muet du récit qui vient de lui être fait, Aliocha donnera à son frère le baiser silencieux du pardon anticipé. Et les propos de l'Inquisiteur ne prennent tout leur sens que parce qu'ils ricochent sur la réfutation que leur oppose en creux le silence du Christ, silence commenté par l'Inquisiteur lui même qui s'en trouve être l'interprète paradoxal et écartelé; Citons encore Bahtin:

L'idée est un événement vivant qui se déroule au point de rencontre dialogique entre deux ou plusieurs consciences. (12)

Il s'agit ici du point de rencontre entre soi même et soi même.

Pour finir, remarquons que les deux récits fonctionnent par rapport à l'ensemble du texte selon le principe de "mise en abyme". Ils en reproduisent la problématique fondamentale sur un mode stylisé qui a recours à la catégorie mythique.

4 - Le Christ suppliciant le Christ?

C'est ainsi, on s'en souvient que le Père André résume l'essentiel de la Légende. Propos qui s'appliquent en premier lieu à lui même. Son ambivalence se manifeste, entre autres choses dans le fait qu'il expose simultanément deux points de vue contradictoires et mutuellement exclusifs. D'une part, il se fait l'interprète de l'utilitarisme du pouvoir d'Etat qui, à ses buts sacrifie l'individu:

Mieux vaut qu'un seul homme périsse que toute la nation. (13)

C'est fort exactement le point de vue exprimé par le Staline qui hante les nuits de Zybine:

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Les Christ prêchent et passent mais c'est nous les Kouteikine qui bâtissons. Or vous êtes des gêneurs. Donc nous sommes obligés de...(14)

L'Inquisiteur de Dostoïevskij entendait sacrifier les individualités fortes (à commencer par lui même pour assurer le bonheur du plus grand nombre.

Par ailleurs, le Père André rappelle le caractère unique et irremplaçable de l'être humain. C'est la harangue du président du tribunal juif qui jugea et condamna le Christ aux témoins:

Si Adam a été créé unique, c'est pour que tu saches que qui fait périr une âme fait périr le monde et qui sauve un innocent sauve l'humanité entière.(15)

Contradiction, ambiguïté qui se concrétisent symboliquement dans la statuette du Don Quichotte diabolique que le prêtre tient de son père, intellectuel des années soixante, familier de Herzen et de Tchernychevsky, athée convaincu qui, tel Stavroguine se pendit dans le grenier:

Ce Don Quichotte là riait, tirait la langue, persiflait, respirait le sarcasme, une sorte de triomphe satanique. Ce n'était plus le Chevalier à la Triste Figure mais le diable, un Don Quichotte métamorphosé en Méphisto. Et Kornilov s'aperçut alors que le couvre-chef n'était pas un plat à barbe mais un capuchon laissant voir deux cornes.(16)

II s'agit, on le voit d'un Don Quichotte carnavalisé, déplacé, doublement grotesque, d'un Don Quichotte qui se met à signifier son contraire. On sait que dans la mythologie dostoievskienne, Don Quichotte se trouve associé au Prince Mychkine, donc à la figure christique. Ici; le Christ se trouve changé en démon à figure de religieux (ce pourrait être la représentation du Grand Inquisiteur). Celui ci est d'ailleurs évoqué immédiatement après l'épisode de la statuette:

Les chevaliers errants du Moyen-Age, les Jan Huss, les François d'Assise, les... (il ravala un nom) et autres Don Quichotte, qu'ont ils apporté au monde? Le Bien ou le Mal? N'a-t-on pas torturé au nom de la Charité? Ces hommes n'ont ils pas entraîné à leur suite un long cortège de malheurs et de crimes? La Sainte Inquisition ne marche-t-elle pas sur les talons de François d'Assise? Jan Huss n'a-t-il pas déclenché les guerres hussites? Après les martyrs viennent toujours les bourreaux.(17)

Ce renversement des valeurs frappe en premier lieu le langage. C'est ainsi que le mot "bon" (associé encore à Don Quichotte) prendra un sens dépréciatif dans le contexte du stalinisme:

Et cet accent de mépris avec lequel vous dites "bon" pour qu'on comprenne "stupide". "Bon sans esprit de classe", "humaniste bourgeois", "bon envers tous", y a-t-il condamnations plus dures, injures plus sanglantes dans votre bouche? Ah, c'est un mot redoutable que "bon", aussi

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bien, Cervantes l'a-t-il choisi pour terminer son Don Quichotte.(18)

L'Inquisiteur avait déjà opéré ce dévoiement du sens en faisant signifier esclavage à liberté, miracle à la foi, grégarisme à la communion. Tuant le Christ en lui même, il avait sacrifié salut, ascèse et foi au bonheur irresponsable de la multitude.

C'est ici, dans ce retournement qu'émergé le diabolique révélé par le Don Quichotte - Méphistophélès.

"Nous ne sommes pas avec toi mais avec lui depuis longtemps, déjà" déclarait le Grand Inquisiteur au Christ miraculeusement revenu. Ainsi prend forme un paradigme du diabolique qui inclut le Père André (il apparaît à Kornilov comme physiquement proche de l'Inquisiteur de Dostoïevskij), le Don Quichotte dévoyé lié à la figure paternelle, paternité symbolique en qui les années soixante du 19ème siècle sont désignées comme le point de départ du travestissement et de l'inversion des valeurs. Notons à ce propos que la mention de Tchernychevsky renvoie à la polémique de Dostoevskij avec les radicaux. Le paradigme du diabolique inclut encore la Présence (alias Staline) et, bien sûr, l'Inquisiteur.

Nous avons vu que le Père André est tout à la fois un Christ en train d'être trahi par son disciple:

Ils vous ont, dites vous convoqué et ont étudié mon manuscrit, pour l'unique raison, croyez vous, qu'ils ne veulent pas me crucifier(19)?
et son contraire puisqu'il est lui même une traître. Il en va de même en ce qui concerne son interlocuteur et miroir, Kornilov qui finira par apporter sa contribution aux accusations contre Zybine pour la raison même qu'il a voulu se tenir en dehors de "l'affaire".

Nous nous trouvons bien en présence d'un "Christ suppliciant le Christ" mais il s'agit d'un faux Christ, d'un Christ dévalué dans un univers de dégradation et de dérision. Dans cet univers "rabaissé" commandent les nabots, les nains, les vampires, les larves, les ombres. Le texte se clôt sur l'image d'une trinité grotesque qui parodie le groupe formé par le Christ et les deux larrons. Ce tableau peut être considéré comme emblématique :

Ainsi, un rectangle de carton conserva pour les siècles l'image de cette trinité: un commandant de la Sûreté rayé des cadres, un indicateur ivre baptisé le Taon par ses employeurs et celui sans qui les deux autres n'auraien pas existé.(20)

Le Taon, surnom d'un révolutionnaire romantique subit ici un rabaissement grotesque dès lors qu'il se trouve affecté à Kornilov le minable; parodie du héros positif, le héros de 1937 n'est autre qu'un indicateur alcoolique.

Aux sophismes de l'Inquisiteur répondait dans le roman de

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Dostoevskij la figure charismatique du starets Zosime, son double inversé. Au Père André réplique le prédicteur errant lâcha, "l'homme de Dieu" en qui parle une certaine religion populaire. Extérieurement, il est comme le double de l'ecclésiastique dévoyé:

Un vieillard jaillit de la nuit. Il était grand, noueux tout blanc sauf la barbiche, jaune, peut être à cause du tabac. Son visage basané était sillonné de rides pareilles à des cicatrices, mais les yeux étaient gais, un peu fous, très jeunes.(21)

Il affirme la miséricorde de Dieu, la spécificité absolue du divin, la rédemption à l'occasion des prières qu'il récite pour la jeune noyée qui est peut être une suicidée.

Avoir compris, tu entends?... Ce que tu as fait et quand tu l'as fait n'a aucune importance. Une minute ou un milliard d'années, c'est tout comme. Dans l'Ancien Testament, le temps existait. Pas pour le Christ! Ce qui compte pour lui, c'est l'esprit qui est en toi. C'est que tout t'ait été révélé, même au dernier instant. Toute ta vie, il la fera tenir en cet instant. Parce qu'il est le Sauveur. (22)

Le Père André, expert en questions juridiques soutenait quant à lui, qu'il n'est point de pardon pour les suicidés:

Les suicidés sont bannis jusqu'à la consommation des siècles du giron de la miséricorde divine. La messe des morts n'est pas dite pour eux et ils ne sont pas ensevelis en terre chrétienne mais comme des bêtes dans un trou. (23)

Dans les Frères Karamazov, à la conception anthropomorphique de la justice divine qui s'exprime dans l'interprétation que donne Ivan du Voyage de la Vierge dans les tourments s'oppose la parabole de l'oignon contée par Grouchenka.

Dans le premier cas, la Vierge, par son intercession obtient que cessent les tourments des damnés chaque année du vendredi saint à la Pentecôte; ceux ci, du fond de l'enfer, remercient Dieu et s'écrient "Seigneur, ta sentence est juste!" Cette justice qui n'est que justice exclut la miséricorde. L'oignon, par contre, représente la chance de salut dont dispose tout pêcheur que quels que soient ses crimes. La justice de Dieu n'est pas celle des hommes. Aussi, commentant le Livre de Job, le starets Zosime indique qu'en lui se trouvent à la fois manifestés le céleste et le terrestre:

Mais ce qui fait la grandeur du drame, c'est le mystère c'est qu'ici l'apparence terrestre et la vérité éternelle se sont confrontées. La vérité terrestre voit s'accomplir la vérité éternelle.(24)

Comme dans les Frères Karamazov, dans la Faculté de l'Inutile, le débat d'idées est présenté au travers d'un système d'échos et de rappels. Au lecteur de rétablir les jalons manquants d'opérer les recoupements et associations qui s'imposent et

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qu'il souhaite, en un mot, de construire sa propre lecture. Ce système déstructuré apparaît comme garant de la force vive du débat puisqu'aux diverses incarnations des idées dans le texte vient s'ajouter en la personne du lecteur une instance imprévisible, mouvante et virtuellement innombrable. Rien d'étonnant à ce que la Légende ait engendré un texte qui cherche à mettre à jour au travers d'une réflexion complexe et malaisée, souvent contradictoire, les racines profondes d'une actualité brûlante.

NOTES

     
  1. Ce roman (en russe Fakul'tet nenužnyh veščej) a été écrit entre 1965 et 1976 et n'a pas été publié en URSS. Il est paru en 1978 aux éditions Ymca Press, peu avant la mort de l'auteur. Pour les citations, nous nous référons à la traduction de J. Cathala, Livre de Poche Biblio (paru précédemment chez Albin Michel en 1979).
  2. La Faculté, p. 302.
  3. Ibidem, p. 256.
  4. Ibidem, p. 303. Dans le Maître et Marguerite (chapitre 2), nous lisons: "Et ce n'est pas avec l'eau de l'étang de Salomon, comme je voulais le faire pour votre bien que j'abreuverai alors Jérusalem. Non, ce n'est pas avec de l'eau! Rappelle toi que j'ai dû, à cause de vous faire enlever des murs les écussons au chiffre de l'empereur, déplacer des troupes et venir moi-même ici, figure toi, pour voir ce que vous fabriquiez! (traduction de C. Ligny, éd. R. Laffont, 1968, p. 79).
  5.  
  6. La Faculté, p. 238.
  7. Ibidem, p. 305.
  8. M. Bahtin in La Poétique de Dostoievski, éd. du Seuil, 1970, p. 209.
  9. Ibidem, p. 185.
  10. La Faculté, p. 240.
  11. Ibidem, p. 87.
  12. Ibidem, p. 305.
  13. Bahtin, ouvrage cité, p. 129.
  14. La Faculté, p. 286.
  15. Ibidem, p. 91.
  16. Ibidem, p. 291.
  17. Ibidem, p. 282.


  18.  

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  19. Ibidem, p. 283.
  20. Ibidem, p. 92.
  21. Ibidem, p. 553.
  22. Ibidem, p. 525.
  23. Ibidem, p. 532.
  24. Ibidem, p. 284.
  25. Les Frères Karamazov, La Pléiade, p. 313.
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