BERNARD-LAZARE
[Lazare Bernard, dit] (Nîmes, 1865 ~ Paris, 1903)
Fils d'un tailleur, il fit ses études au lycée de Nîmes,
puis vint, en octobre 1886, à Paris, où il fut d'abord
répétiteur dans un pensionnat. Il fréquenta les cénacles
des poètes symbolistes et décadents, s'inscrivit dans la
nouvelle section des sciences religieuses de l'École pratique
des hautes études, et devint, en janvier 1891, critique
littéraire du journal La Nation, puis, en août, directeur
de la revue Entretiens politiques et littéraires.
Il collabora par la suite à plusieurs grands quotidiens,
ainsi qu'à la presse anarchiste, et fit paraître, en 1892,
un recueil de contes symbolistes, Le Miroir des légendes.
Partisan alors de l'internationalisme révolutionnaire et
de la totale assimilation des juifs, il publia, en 1894,
L'Antisémitisme, son histoire et ses causes. La même
année, il écrivit pour le supplément littéraire du Figaro
une série de portraits littéraires acerbes, dont un de Zola,
qu'il avait souvent attaqué au cours des années précedentes.
~ En février 1895, il rencontra Mathieu Dreyfus, le frère
du condamné de l'île du Diable, qui ne tarda pas à le
gagner à sa cause et lui proposa de rédiger une brochure
sur l'affaire Dreyfus. Bernard-Lazare publia son travail
en novembre 1896, et s'entretint, dans les semaines qui
suivirent, avec plusieurs notabilités politiques et littéraires,
parmi lesquelles Zola, à qui il avait adressé en mai
1895 ~ pour des «raisons politiques», comme il
le dit plus tard ~ une lettre enthousiaste au sujet de Rome.
Une nouvelle brochure suivit en novembre 1897, et il lutta
en faveur de Dreyfus dans les colonnes de L'Aurore.
~ En 1896, il entra en relations avec Theodor Herzl, le
promoteur du sionisme, et fut bientôt persuadé que sa doctrine
était la seule solution logique à la «question
juive». Délégué, en 1898, au deuxième congrès sioniste
de Bâle, il rompit avec Herzl quelques mois plus tard, mais
continua de militer pour la création en Palestine d'une
nation juive, fondée sur des principes démocratiques et
affranchie des «superstitions ritualistes et talmudiques».
Il laissa inachevé un ouvrage destiné aux Cahiers de
la quinzaine de Charles Péguy, Le Fumier de Job.
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