LOTI,
Pierre [Julien Viaud, dit] (Rochefort, 1850 ~ Hendaye, 1923)
Issu d'une famille protestante de vieille souche, il entra
en 1867 à l'Ecole navale et fut nommé en 1870, l'année
de la mort de son père. Il découvrit d'abord la mer du Nord
et la Baltique, aborda ensuite à l'île de Pâques et
à Tahiti, puis séjourna, en 1876, à Istanbul, où il
s'éprit de la belle Hakidjé, l'Asiyadé de son premier roman,
paru en 1879. Il fut promu lieutenant en 1881 et publia
la même année Le Roman d'un spahi, que suivirent
l'idylle polynésienne Le Mariage de Loti (1882) et
Mon Frère Yves (1883), histoire d'un marin qui parvient
à tenir en échec son ivrognerie héréditaire. Il fit
avec distinction la campagne du Tonkin, mais se mit à dos
le ministère Ferry en décrivant dans Le
Figaro les atrocités commises au moment de la prise
de Hué. Après une brève sanction, il fut renvoyé en Extrême-Orient
et fit un mois d'escale à Nagasaki. ~ Son succès grandit
avec Pêcheur d'Islande (1886) et Madame Chrysanthème
(1887), qui contribuèrent à renforcer la réaction contre
le naturalisme. A partir de 1888, il obtint de nombreux
congés pour des voyages personnels et renonça presque totalement
à l'agencement de fictions, préférant publier telles
quelles ses impressions du Maroc, de l'Egypte, de la Terre
Sainte: citons Au Maroc (1890), Vers Ispahan
(1904), Un pèlerin d'Angkor (1912). ~ Après avoir
commandé, de 1891 à 1895, une canonnière stationnée
sur la Bidassoa, il participa, en 1900, à la guerre
de Chine contre les Boxers et fut promu capitaine de vaisseau
en 1906. Admis à la retraite, il demanda à servir
en 1914 et fut appelé l'année suivante. Dans un de ses derniers
livres, il dénonça L'Horreur allemande (1918). ~
Candidat à l'Académie française en même temps que Zola,
il fut élu en mai 1891 et reçu en avril 1892 (lettre 233).
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